vendredi 17 janvier 2014

Le grand labeur de Jean-Pierre Cannet aux éditions Rhubarbe

Notre ami Jean-Pierre Cannet vient de publier aux éditions Rhubarbe un recueil de nouvelles: "Le grand labeur".

Saluons d'abord cette maison d'édition auxerroise, dirigée par Alain Kewès, lui-même auteur. Elle se définit ainsi :" Rhubarbe, n.f. (bas lat.rheubarbarum, racine barbare). Feuilles monstrueuses, tiges acides, le potager littéraire connaît bien ces textes inclassables, sauvages, qui s'imposent à leurs auteurs. On peut les couper à ras; ils repoussent. Autant les donner à lire."

Ces 16 nouvelles de J.P.Cannet s'inscrivent parfaitement dans le champ ainsi défini de Rhubarbe. Courtes, elliptiques, denses et retenues, elles sont, ainsi que l'exprime l'excellente préface d'Anne-Marie Le Goff, comme des eaux-fortes de Goya, des voix d'après l'apocalypse.

Les histoires, telles qu'on peut les reconstruire, sont tragiques, noires, infiniment noires. La guerre, des catastrophes, la chaleur accablante, le malheur, ravagent les enfants, les hommes, les femmes, devenus comme des spectres. Odeur de cauchemars, de petits matins glauques. L'écriture est très poétique, très forte, très douce aussi, parfois tendre.
Le livre refermé, demeurent des images, violentes et sensuelles. Cannet écrit comme il peindrait s'il était peintre: des touches légères, d'autres appuyées, des fonds sombres ou lumineux. Du noir, beaucoup de noir. Mais le noir peut être source de lumière.