jeudi 23 mars 2017

Grandeurs et misère des littérateurs (Le Monde 23 mars 2017)

Ouverture le 24 mars du Salon du livre, grande messe médiatique, exposition de stars des lettres et manifestation qui oscille entre la culture et le commerce...Mais c'est l'occasion pour les journaux de publier des chiffres intéressants.


Dans le Monde daté du 23 mars par exemple, on apprend que dans le palmarès des "littérateurs" les mieux payés de France en 2016, publié par Capital, seuls 3 d'entre eux - sur 100.000 inscrits à l'Association pour la gestion de la Sécurité sociale des auteurs (Agesa), dépassent le cap du million d'euros de droits d'auteur: Guillaume Musso, Marc Levy et Michel Bussi, un auteur de polars. On comprend que le quotidien ait choisi ce terme de littérateurs plutôt que d'écrivains!


D'après le président du CNL, "avec trois fois plus de livres qu'il y a vingt ans et la même manne de droits d'auteur, on arrive à un système où l'on compte une quinzaine d'écrivains riches, 150 à 200 qui vivent de manière décente et après, c'est le marais."




90% perçoivent en effet des droits inférieurs au smic. Ils ne gagnent en moyenne qu'un euro par livre vendu, ils sont les plus mal payés de la chaine du livre, autour de 8% de son prix. Ce qui explique que les deux tiers exercent une autre activité professionnelle.




Peu d'écrivains vivent donc de leur plume, ce qui n'est pas nouveau et ce qui est peut-être une bonne chose, quoiqu'on dise. Les meilleurs d'entre eux, dans le passé tout au moins, exerçaient un autre métier, professeurs, journalistes, fonctionnaires.... Rester indépendant des goûts des éditeurs et du public, garder un contact avec le réel, partager la vie de tous, semblent souhaitable.




Ce qui reste regrettable, c'est la paupérisation de la profession, due à la surproduction d'ouvrages (plus de 25% entre 2007 et2014, pas toujours intéressants hélas!),  à des tirages de plus en plus faibles et au goût extrême de la nouveauté qui ne fait tenir un livre en présentoir que quelques semaines. Comme les films d'ailleurs...


Mais pas trop de pessimisme: la France est un pays où l'on lit encore, où la consécration d'un homme politique passe par l'écriture et le mépris qu'on en a s'explique souvent par leur manque de culture!