mercredi 16 mars 2016

La chronique de Dominique Drouin: William Radet

Nous laissons la plume à Dominique Drouin pour nous signaler une de ses découvertes.



William RADET - Un flou dangereux : petit pan de mur bleu


 Ce roman jouit d'une diffusion, hélas, confidentielle. Est-ce l'originalité du propos et de la composition, sobre pourtant et qui sait se tenir, que boudent encore trop d'éditeurs ? Est-ce la finesse d'une prose tirée au cordeau et lignant juste qui les désarçonne ? La trame textuelle parfaitement tendue où rien ne gode ? Sont-ce les fines ciselures de dialogues pesés au carat près ? Est-ce la poésie dont est couturé tout le texte qui les lacère, eux ? Or, au décousu de la vie, opposer la poésie cousue main.
 Si le talent se dévoile à l'étrangeté familière d'un texte, à sa capacité à créer par les mots plutôt qu'à raconter, alors ce roman en atteste beaucoup. On entre dans une structure littéraire dont le fil s'épaissit, élève sa densité, puis se concentre en une concrétion garante de sa cohérence. Les pièces d'aphorismes viennent l'étayer en s'ajustant en fondu au puzzle général.
Et s'il faut signaler une coloration-repère de l'œuvre, imaginez ce que pourrait être une synthèse originale où entreraient, disons : Boris Vian, Raymond Roussel, Eric Chevillard et Samuel Beckett.

Ô la larme blême qui m'est venue à l'œil plusieurs fois à cette réminiscence me traversant l'esprit, sur la pointe de ses talons et sans égard pour mon tapis neuronal :
“ C'est ainsi que j'aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur...”1 Bleu que je suis !

(1) Marcel Proust "La Prisonnière" 



Dominique Drouin

lundi 14 mars 2016

Quelles nouvelles de Jean-Pierre Cannet?

Avec le lancement de notre année nouvelle et après le premier Rendez-Vous au Café poétique du samedi 12 mars, nous continuons de nous interroger sur nos auteurs. Où sont-ils, que font-ils ?....

Nous avons retrouvé lors d'une réunion de travail le solaire Jean-Pierre Cannet. Entre une résidence d'écrivain à Pau et divers projets (dont la préparation de la soirée littéraire du 8 juillet autour de Sam Braun, à la Maison Jules Roy) il nous confie un texte qui concerne une pièce intitulée "Rouge neige", qu'il a évoquée lors de notre réunion:


Note de l'auteur


Cette pièce s’adresse à tous. Le titre « Rouge neige » peut aussi bien évoquer Blanche neige, le monde de l’enfance, qu’un polar pour adultes … Il neige et c’est blanc, il saigne et c’est rouge.

Nous sommes dans un temps qui associe modernité et archaïsme, croyances et superstitions. Nous ne sommes pas à la fin du monde mais bien à la fin d’un monde, c’est donc que s’ouvre à nous un autre monde possible. C’est pourquoi je voudrais des mots dansés, des mots peints comme chez Chagall. Une poésie du sens pour que l’image prenne corps. Des mots comme on fait fondre un peu de neige sur sa langue.

Les différents tableaux naïfs ou expressionnistes qui composent cette pièce de théâtre sont comme un rêve éveillé. Nous sommes ailleurs, mélange d’espoirs fous et de cauchemars. Les personnages sont visités, leur subjectivité est plus forte que la raison. L’humeur est féérique et le plus improbable peut alors prendre corps : les animaux parlent, les mariés ont douze ans, les morts reviennent, la montagne peut accoucher du meilleur comme du pire.

Comme perché au-dessus du vide, Zig, le narrateur, peut à chaque instant tomber, déchoir, ou à l’inverse devenir aérien. Les anges ne sont pas loin. Mes personnages se mettent en scène, ici tout est ritualisé. Ils sont le fruit vivant de leurs chimères. C’est par ce chemin chaotique, fait de rêves et de fantasmes, que m’apparaît le plus sûr pour aller de l’homme à son cœur.
Jean-Pierre Cannet

 


mercredi 9 mars 2016

Quelles nouvelles de Jean-Michel Delacomptée?

Nous aimons donner des nouvelles de "nos" auteurs.
Nous les avions invités parce que nous les aimons et que nous avions envie de les interroger sur leur manière d'aborder "le travail d'écriture".

Jean-Michel Delacomptée fait partie de ceux-là. Il est un des auteurs les plus importants de la belle collection "L'un et l'autre" créée par JB Pontalis chez Gallimard et qui s'est arrêtée avec lui. Il y excelle dans les portraits d'auteurs classiques comme Racine, Saint Simon, Mme de Lafayette où son goût du beau langage s'exprime avec jubilation pour le lecteur.

Il est l'auteur plus récemment du dernier ouvrage de la collection "L'un et l'autre": "Ecrire pour qui?", sorte d'essai autobiographique et, chez Fayard l'an passé, d'un "Adieu Montaigne".

Il est venu en octobre 2015 à notre Grand Rendez-Vous nous parler de ces livres et de l'avenir de la langue et de la culture françaises.
Il nous avait fait part de ses projets. Qu'en est-il?

Il a publié sous pseudonyme, donc nous ne livrerons rien à ce sujet, respectant son goût facétieux de l'anonymat. Chut, donc...

La collection qu'il a lancée chez Gallimard, "Nos vies" se porte bien. deux ouvrages sont déjà parus: "Un vieux sous le soleil couchant" d'Yves Mabin et "La nouvelle surprise de l'amour" de Jean-Pierre Martin.
Deux nouveaux titres vont sortir bientôt. Plus d'informations sur le site de Gallimard:

http://www.gallimard.fr/Media/Gallimd/Entretien-ecrit/Entretien-Jean-Michel-Delacomptee.-Nos-vies/(source)/188818


Quant à notre ami écrivain, il met la dernière main à un " manuscrit tout à fait particulier, une fiction, dont le sous-titre est "Conte cruel"...qui lui a demandé un gros travail.
On s'en réjouit déjà.