mardi 9 juin 2015

Dernier Rendez-vous au café avant l'été, le 20 juin, avec Jean-Didier Urbain

Le thème de ce dernier café avant l'été ne peut être qu'une invitation au voyage.
Le récent festival "Etonnants voyageurs" nous rappelle l'importance de la littérature de voyage et le goût que nous en avons.
Le samedi 20 juin, toujours au Sybar de Vézelay, nous rencontrerons Jean-Didier Urbain, un des spécialistes de la question.

Jean-Didier Urbain, un décrypteur des voyages





Jean-Didier Urbain est sémiologue, sociologue, anthropologue, ethnologue…..universitaire et chercheur ! C’est surtout un observateur de nos comportements qui aime décrypter les évidences.
C’est un des meilleurs spécialistes du voyage, du tourisme. Lui-même voyageur et amateur de littérature de voyage, il est auteur de nombreux ouvrages comme :
-L’idiot du voyage. Histoires de touristes. Payot 1991
- Sur la plage. Mœurs et coutumes balnéaires (XIXè-XXè) Payot 1994
- Secrets de voyage. Menteurs, imposteurs et autres voyageurs impossibles. Payot 1997
- Paradis verts. Désirs de campagne et passions résidentielles. Payot 2000
- Ethnologue, mais pas trop. Ethnologie de proximité, voyages secrets et autres expéditions minuscules. Payot 2003
- Le voyage était presque parfait. Essai sur les voyages ratés Payot 2008
- L’envie du monde, Paris Bréal 2011
- et tout dernièrement : Au soleil, naissance de la Méditerranée estivale ; Payot 2014 et chez La Martinière, « Un tour de France en affiches ».
- Le tour de France des affiches, La Martinière 2015

Il est aussi un homme cultivé, bon vulgarisateur, qui a beaucoup lu, beaucoup vu, beaucoup pratiqué le voyage, beaucoup observé et réfléchi. Son écriture,  toujours  accessible, n’est jamais obscure.
Pour lui,  tout est construit. Même ce qui nous apparaît le plus évident, la mer, le ciel, la nature, les couleurs … est construit. Socialement et culturellement construit. Réel, réalité, perception, tout est convention, interprétation, fluctuante dans le temps, dans les lieux, imposée par une certaine classe dominante. Sans même que nous en soyons conscients.
Le sémiologue, anthropologue, ethnologue, débusque avec gourmandise nos gestes, nos paroles écrites et orales, nos goûts.
Il distingue deux grands types de voyages et de voyageurs : ceux qui veulent traverser le monde et vagabonder, Guide du routard en poche, et ceux qui ne pensent qu’à trouver le lieu de rêve pour s’y déployer comme des Robinson Crusoè.

Pour JDU, la mer, comme objet de désir et d’agrément ne va pas de soi.
« La grande bleue » est une appellation récente et en concurrence constante avec l’Océan. La Méditerranée est féminine, l’Océan est masculin. Femme contre homme, le couple est conflictuel. Elle est mère nourricière de culture, mais aussi  prostituée s’offrant dans l’ombre aux désirs obscurs et infirmière veillant à la bonne santé des européens souffrants.
Et de retracer la longue et fluctuante histoire du désir de voyager autour ou à travers elle, de s’y poser un temps. Les références littéraires sont nombreuses. L’idée que le sociologue soutient est que les opinions qui l’emportent et imposent des comportements sont toujours celles du Nord et que le passage de la Méditerranée en tant qu’entité de loisirs de l’hivernal à l’estival est récent. Il date en gros des années trente, de la démocratisation des loisirs, d’une réhabilitation du soleil et de la chaleur, de la mode des sports d’hiver, de l’amélioration des moyens de transports. Et du comportement de certains intellectuels, américains notamment, venus du sud des Etats Unis, et que n’effarouchent pas soleil et chaleur.
L’auteur retrace aussi le développement de concepts comme les clubs de vacances et surtout le Club Méditerranée, utopie vite dévoyée et avoue au fil des pages son goût de la plage, du soleil, malgré le mépris qu’en ont, par souci de se distinguer, ces fameuses classes dominantes qui nous imposent leurs fantasmes et leurs pratiques….