Entretien croisé dans le dernier Télérama entre deux éditeurs, Paul Otchskosky-Laurens (POL) et François Gèze (La découverte).
Le premier publie de la littérature et reçoit plus de 3000 manuscrits chaque année, n'en publiant que 2 ou 3, le second des essais en sciences humaines.
Ils réfléchissent sur le passé récent et l'avenir proche de leur métier.
Ils regrettent un certain désintérêt pour la littérature, la diminution du nombre de lecteurs et l'émiettement de leur curiosité, alors même que la création est foisonnante.
Ils soulignent les difficultés des libraires aujourd'hui qui, dans l'abondance de la production, doivent faire le tri des livres qu'ils vont "pousser" auprès du public.
Face au numérique, l'un et l'autre adopte des positions modérées.
Gèze évoque des librairies américaines où existent des machines qui impriment les livres à l'unité, à la demande et dans l'instant! Sa maison s'engage aussi à faire revivre son vieux fonds en le rendant disponible à la demande.
Pour aider les libraires l'un comme l'autre soulignent l'intérêt du prix unique, de l'interdiction de la gratuité des frais de port dans le cas de vente en ligne, les aides financières à accorder et l'amélioration de la formation à poursuivre.
Les deux hommes se ressemblent au final par une même vision de leur rôle: être des "têtes chercheuses" repérant textes et auteurs, travailler dans la durée, suivre les auteurs mais aussi faire connaître les livres publiés, les diffuser, les vendre.
Médiatisation, commercialisation font partie de ce métier qui est aussi un métier d'entrepreneur. Même si l'un et l'autre ont intégré un grand groupe, ils sont conscients qu'ils doivent dégager une rentabilité minimale "pour ne pas être ennuyé par l'actionnaire". Ils peuvent choisir de publier un livre important quitte à perdre de l'argent, en se débrouillant pour publier à côté un ouvrage plus rentable.
Profession bien difficile dans la chaine du livre que celle des éditeurs: accompagner la création et l'écriture, soutenir l'auteur, sans oublier qu'il s'agit de le faire connaitre, le diffuser, le vendre. On l'oublie souvent...
