samedi 29 novembre 2014

Prochain rendez-vous au café le samedi 6 décembre avec Patrick Dubost, Armand le poète


Nous sommes heureux de vous inviter à notre dernier « Rendez-vous au café » de l’année 2014, avec une performance de Patrick Dubost et son ami Armand le poète… accompagnés en musique par Marie Accart, flutiste.

La soirée se passera comme d’habitude au Sybar Terrasse, place du Parvis à Vézelay, à 20H30.

Patrick Dubost est en résidence à la maison du Parc du Morvan. Il est soutenu par Samedi poésies et dimanche aussi, que nous remercions vivement.

Le premier RVC de 2015 aura lieu, toujours en poésie, le samedi 28 mars.

Nous vous invitons aussi à consulter notre blog pour lire la dernière chronique de Christian Limousin : http://lesrendezvousdulire-ecrire.blogspot.fr

dimanche 23 novembre 2014

Une nouvelle chronique de Christian Limousin: Bataille et Bousquet en revue


                                 

           
            De nombreux articles ont, ces dernières années, souligné l’avenir incertain des revues littéraires : perte de lectorat, frais postaux devenus exorbitants, tendance de l’époque au repliement sur soi, concurrence du web, etc. La plus emblématique des revues littéraires françaises, la nrf (fondée en 1909), de mensuelle est devenue trimestrielle depuis son centenaire qui l’a quasiment tuée. Or les revues sont indispensables à la vie littéraire. Ces communautés vivantes (à propos de la nrf de Gide et de Paulhan, Auguste Anglès parle d’un « vrai collectivisme des esprits et des cœurs ») ont des rôles multiples : adoubement des jeunes écrivains, émergence de nouveaux talents, réévaluation de certains auteurs et, bien évidemment, publication de textes inédits divers dont le débouché n’est pas forcément le livre. Les revues ne vont pas mourir ; elles vont muer, abandonner la forme papier trop chère et trop encombrante pour des formes dématérialisées immédiatement accessibles.

 

            Voici deux revues qui persistent dans leur être de papier.

 

            Créée à Avignon en 1953 par Jean Breton, la revue Les Hommes sans Épaules emprunte son curieux titre à un roman préhistorique de Rosny aîné, Le Félin géant, où l’on peut lire : les épaules de Zoûhr « retombaient si fort que les bras sembaient jaillir directement du torse : c’est ainsi que furent les Wah, les Hommes-sans-Épaules, depuis les origines jusqu’à leur anéantissement par les Nains-Rouges. Il avait une intelligence lente mais plus subtile que celles des Oulhamr. Elle devait périr avec lui et ne renaître, dans d’autres hommes, qu’après des millénaires. »

            Le n°37 de la nouvelle série (la troisième) de ces « cahiers littéraires », dirigés désormais par Christophe Dauphin, propose un dossier consacré à Georges Bataille, « l’une des figures marquantes de la littérature du XXème siècle ». Il y a des raisons historiques, objectives, à cela : « Georges Bataille fut un aîné tutélaire et des plus attentifs des Hommes sans Épaules dès les débuts de la revue. » Lorsqu’il était bibliothécaire à Carpentras (1949-1951), Bataille se lia d’amitié avec Yves Breton (le père de Jean), notaire dans la cité papale.

            Le dossier Bataille se compose d’une « introduction à l’expérience des limites » (Christophe Dauphin), d’une longue présentation de la vie et de l’œuvre de Bataille (« Georges Bataille et l’expérience des limites » de César Birène et Christophe Dauphin) et de textes de l’auteur célébré.

            Face à l’œuvre « quasi mythique, monumentale » de Bataille, « dont on ne ressort pas indemne », ce dossier avoue sa modestie : « parlons d’approche, d’initiation ou d’introduction ». Bataille intimide car son projet est « le plus grand qui soit : mettre l’homme face à ce qu’il est, sans lui donner le recours à quelque faux-fuyant que ce soit. » Après une introduction resserrée sur les notions batailliennes d’hétérogène, de sacrifice, d’érotisme, de transgression, montrant l’effort constant de Bataille de « ne rien laisser en dehors de la pensée, et donc d’y faire entrer ce qui la perturbe, l’interrompt ou la révulse », l’étude de César Birène et Christophe Dauphin s’oriente vers une présentation chronologique de la vie et de l’œuvre de l’auteur de L’Érotisme. Fait rare : les deux présentateurs considèrent La Part maudite, ouvrage négligé voire décrié, comme un « livre d’une grande importance », qui « occupe une place centrale dans l’œuvre de Georges Bataille » et ils disent pourquoi. Modeste, cette présentation toujours claire occupe tout de même trente-deux pages de la revue.

            Elle s’accompagne de trois poèmes extraits de L’Archangélique (1944) et de « La publication d’Un Cadavre », texte de 1951 que Bataille écrivit à la demande d’Yves Breton. Plus de vingt ans après la publication de ce pamphlet collectif contre André Breton, Bataille  - qui en avait été la cheville ouvrière - revient sur le contexte et les conditions de sa mise en œuvre. Et il lâche cet aveu : « je hais ce pamphlet comme je hais les parties polémiques du Second Manifeste » du Surréalisme. En 51, il a fait la paix avec André et le dit à Yves (les deux Breton n’ont aucun lien de parenté entre eux).

 

            Le dossier du n°33 de Nunc, « revue vivante », est consacré à Joë Bousquet. Les  vingt-cinq textes rassemblés par Hubert C. et Jean Gabriel Cosculluela sont dus à Bernard Noël, Jean-Luc Nancy, Michel Surya, Jean-Claude Hauc, Denis Lavant, Joël Vernet, Pierre Vilar, Ginette Augier, René Pinès, Zéno Bianu, etc. Notre amie Édith de la Héronnière (auteure en 2006, chez Albin Michel, d’un essai biographique intitulé Joë Bousquet, une vie à corps perdu) y participe avec  « La nuit de Carcassonne », une étude qui revient sur la visite de Simone Weil à Bousquet en mars 1942.

            Né la même année que Bataille, Joë Bousquet (1897-1950) ne bénéficie pas de la même notoriété. Il fait figure d’auteur que l’on redécouvre périodiquement. Touché à la moëlle épinière au combat de Vailly, dans l’Aisne, le 27 mai 1918, il perdit l’usage de ses jambes. Il s’enferma alors dans sa maison familiale de Carcassonne pour n’en plus sortir, écrivant couché dans sa chambre aux murs tapissés de tableaux contemporains, une œuvre de haute solitude faite de carnets et de lettres, œuvre orignale et superbe qui, de toute évidence, n’occupe pas la place qu’elle mérite. Bien trop rapidement, on peut dire d’elle qu’elle est déchirée entre des tendances mystiques (à la fois cathares et rhénanes) et des tendances érotiques – voire sadiques dans le cas de l’extraordinaire Cahier noir. Curieusement, Bousquet est à la fois très proche et très éloigné de Bataille mais l’expliquer demanderait du temps.

            Dans le propos liminaire, Jean Gabriel Cosculluela entend situer Bousquet dans ses enjeux d’écriture, « au-delà de sa seule blessure et du seul surréalisme ». Dans sa « nuidité » (terme forgé par Cosculluela), le reclus de Carcassonne a tenté d’élaborer un « contre-écrire » : « Je n’ai jamais eu qu’une chose en vue qui est de rendre son rôle véritable au langage. » C’est ce « contre-écrire » que les différents auteurs de ce dossier essaient de mettre en avant, non sans retomber, souvent, dans l’imagerie mythique de l’invalide né de sa blessure. Le numéro comporte également des textes de Bousquet, dont une longue lettre inédite à son ami Jean Paulhan.

            Il faut signaler que les rédacteurs en chef de Nunc (Franck Damour et Réginald Gaillard) ont cru bon de dédier ce volume à deux papes récemment canonisés (Angelo Roncalli et Karol Wojtyla), provoquant une ferme protestation de la majorité des contributeurs.
 
Christian Limousin
 

 

Les Hommes sans Épaules n°37, premier semestre 2014, 284 pages, 17 euros, 8 rue Charles Moiroud, 95440 Ecouen, site internet : www.leshommessansepaules.com, courriel : les.hse@orange.fr

Nunc, n°33, juin 2014, 144 pages, 24 euros, éditions de Corlevour, site internet : www.corlevour.com

 

 

 

mercredi 19 novembre 2014

les invités de l'Autre Monde en novembre

Les filles de L'Autre Monde ont eu une bonne intuition en invitant Lydie Salvayre qui a eu le prix Goncourt! Elles ont dû organiser la séance de signatures à la Mairie d'Avallon et le maire a pu arriver en faisant part des félicitations de Manuel Valls, présent à Auxerre ce jour là!
Chance, chance.....
Soyons donc très attentif aux invités de ces dames et notons:
-le vendredi 21 novembre à 18h30, de Julia Dech pour "Le triangle d'hiver" aux éditions de Minuit
- le vendredi 28, toujours à 18h30 de Marie-Hélène Lafon pour "Joseph" chez Buchet-Chastel.

C'est un roman court, sobre, bien écrit, qui témoigne de l'écriture originale de M.H. Lafon.

dimanche 16 novembre 2014

un "Dictionnaire de la critique d'art à Paris" formidable!

C'est un immense travail auquel se sont attelés Claude Schvalberg et une quarantaine de spécialistes: faire un dictionnaire de la critique d'art entre 1890 et 1969!
Ce genre littéraire s'est beaucoup développé en France en marge de l'histoire de l'art et a attiré chercheurs et écrivains, publiant dans des revues et périodiques divers. Seuls sont retenus ici, mais ce sont les plus importants, ceux dont les textes ont été rassemblés en volume. Le centre d'intérêt se veut parisien.

Edité aux Presses universitaires de Rennes, avec une préface de Jean-Paul Bouillon, l'ouvrage de plus de six cents pages comprend de nombreuses notices, une chronologie des événements et publications en rapport avec la critique d'art et des index. Les six cents notices ne sont pas toutes nominatives. Elles sont aussi thématiques: "édition et critique d'art", " expositions d'art contemporain", "galeries d'art contemporain", "musées", "salons".... C'est un fantastique outil de travail pour les amateurs d'art!

Claude Schvalberg est un chercheur indépendant passionné. Il tient aussi une librairie spécialisée en histoire de l'art, rue Bonaparte à l'enseigne de "La Porte étroite".
Parmi les spécialistes qui ont collaboré au dictionnaire, on retiendra Christian Limousin qui a écrit l'entrée sur Georges Bataille. Notons aussi que Claude Schvalberg a écrit lui-même les notices sur Zervos et Max-Pol Fouchet.

lundi 10 novembre 2014

Entre deux rendez-vous au café


Le rendez-vous au café du samedi 8 novembre avec Bruno Poissonnier, s’est fort bien passé. Bruno avec sa verve, sa fougue, sa chaleur mais aussi sa finesse et sa sensibilité a su bien nous raconter comment il avait abordé, construit, écrit son magnifique livre sur Gaye-Bordas. Les échanges ont été nourris et sympathiques.
Le prochain et dernier rendez-vous au café de l’année 2014 aura lieu le samedi 6 décembre avec la performance d’un poète, Patrick Dubost et son avatar Armand le Poète. A ne pas manquer, toujours au Sybar Terrasse, à 20h30.