vendredi 23 septembre 2016

Samedi 1 octobre à 10h30 à L'Ame enchantée: pour les amoureux de Proust...

Notre association honore ce matin du samedi le "Lire" qui est dans son appellation...
Lire et écrire. Ecrire et lire.


On ne compte pas les lecteurs de Proust parmi les écrivains, tant ils sont innombrables. On ne compte pas les lecteurs et amateurs de Proust parmi tous ceux qui fréquentent nos rendez-vous. Et parmi ceux qui ne les fréquentent pas! Mais on trouve encore quelques réfractaires, quelques personnes de très bonne volonté qui s'y sont essayé et qui n'ont pas pu continuer... Quelques uns qui ont recommencé maintes fois et se promettent encore qu'aux prochaines vacances..., dès la retraite venue....ils replongeront à nouveau.

Laurence Grenier écrit et milite pour ceux-là, pour ceux qui ont tenté et lâché. Pour ceux aussi qui aiment assidûment.
Pharmacienne de formation, ayant vécu longtemps aux Etats-Unis, elle raconte dans ce texte, avec humour et tendresse, sa rencontre avec celui qui allait changer sa vie. Laurence a beaucoup écrit à partir de son écrivain préféré, elle tient un blog bilingue qui a une manière inimitable de rattacher le beau Marcel à la vie quotidienne: "Proustpourtous". Elle organise à Paris des dîners proustiens.


Son texte, paru dans la collection Duetto, est parsemé d'extraits de La recherche qui seront lus par Sara Saragoni et Dominique Drouin, qui ont déjà participé avec talent à nos derniers Grands Rendez-Vous.

Sara est comédienne, auteur, amoureuse de Dante. Elle nous avait entretenus l'an passé des difficultés de le traduire. Elle vient d'écrire et de lire à voix haute, à plusieurs reprises, La Gracieuse, texte poétique consacré à Notre Dame de Saint-Père.


Dominique est écrivain, proustien s'il en est. Il a aussi évoqué pour nous, en 2015, les difficultés de traduire son auteur préféré et exprimé lors d'un Rendez-vous au café  comment son écriture se nourrissait de M.P.


La jolie salle de L'Ame Enchantée n'est pas immense. Venez de bonne heure pour être sûre de trouver une place.

jeudi 22 septembre 2016

samedi 19h, Cité de la Voix: lettres amoureuses dans l'Italie baroque et tweets amoureux de M.Butor!

Le samedi 1er octobre à 19h, pour finir en beauté cette journée d'échanges, la Cité de la Voix nous propose un concert entre littérature et musique, dans le Grande salle:




Lettera amorosa,
par l'ensemble Gioannina
Françoise Masset, soprano/Harpe triple: Nanja Breedijk/ Théorbe et guitare: Rémi Cassaigne


Lettres amoureuses dans l'Italie baroque
et tweets amoureux de Michel Butor!






Notre ami Nicolas Bucher nous communique plus de détails ci-dessous:


LETTERA AMOROSA Lettres en musique dans l’Italie baroque:





Girolamo Frescobaldi :Vanne o carte amorosa

Claudio Monteverdi: Se i languidi miei sguardi – Lettera amorosa

Giralomo Frescobaldi: Canzona la Victoria


 Sigismondo d’India: Torna, dunque, deh, torna – Lettera amorosa del Cavalier Marini

Giovanni Maria Trabaci: Gagliarda La Spagnola

Giacomo Carissimi: Scrivete occhi dolenti

Luigi Rossi: Passacaglia

Alessandro Stradella: Il più misero amante


Michel Butor-textes, Vincent Bouchot-musique
3 Tweets (2014)
Prends tout ton temps  – Murmures dans le petit matin – Un peu plus, un peu moins


Anonyme: Tocata Arpeggiata

Benedetto Marcello: Lettera del signor Carlo Antonio Benati scritta alla signora Vittoria Tesi




La Gioannina


Soprano : Françoise Masset
Harpe triple : Nanja Breedijk
Théorbe et guitare : Rémi Cassaigne







Frescobaldi
Vanne, ò carta amorosa, vanne à colei, per cui tacendo io moro: Deh mia timida carta, ardisci, e spera, e priega, chiedi, chiedi à colei di mio amor di mia fede pietà, mà nonmercede… Va, lettre amoureuse, va trouver celle pour qui je meurs en silence : Hélas, ma timide lettre, brûle, espère, supplie demande, demande-lui pour mon amour, pour ma fidélité pitié, mais non merci…


Monteverdi
Se i languidi miei sguardi, se i sospiri interrotti, se le tronche parole non han sin or potuto, o bell'idol mio, farvi delle mie fiamme intera fede, leggete queste note, credete a questa carta, questa carta in cui sotto forma d'inchiostro il cor stillai… Si mes regards langoureux, si mes soupirs interrompus, si mes mots inachevés n'ont pu jusqu'ici, ô mon bel amour, vous témoigner de toute ma flamme, lisez ces notes, croyez ce papier, ce papier sur lequel, sous forme d'encre, j'ai distillé mon coeur…


D’India
 …s'è vostra legge e tanta sete della mia morte avete, io vuo' morir, e moriro felice, solo per esser poi lagrimato da voi. …si c’est là votre loi et que vous avez si soif de ma mort, je veux mourir et je mourrai heureux, rien que pour être ensuite pleuré par vous.


Carissimi
Scrivete occhi dolenti con inchiostro di pianto sul foglio del mio volto i vostri affanni; Narrate i miei tormenti, registrate i miei danni e dite a chi nol crede ch’amar tacendo ogni martire eccede… Écrivez, tristes yeux, à l’encre de vos larmes sur la feuille de mon visage vos malheurs; Racontez mes tourments, consignez mes peines et dites à qui n’y croit pas qu’aimer et se taire excède tous les martyres….


Stradella
 …Hor che lungi da voi piango e sospiro, volgete un guardo alle dolenti note che v’esprimono in parte il moi martire… … Maintenant que loin de vous je pleure et je soupire, tournez un regard vers ces tristes notes qui vous expriment en partie mon martyre…


Marcello
…Non vorrei che prendeste in mala parte il mio scrivere e i miei consigli, perché tutto proviene dal mio buon cuore e da un cuor insomma che non troverete mai più il compagno in questo mondo… …Je ne voudrais pas que vous preniez mal ce que j’écris et mes conseils, car tout cela provient de mon bon coeur, bref d’un coeur dont jamais vous ne trouverez la pareille en ce monde…


La lettre en musique est une face cachée et exemplaire de l’histoire de la cantate italienne. De l’émergence du stile rappresentativo (la fameuse Lettera Amorosa de Monteverdi) à l’épanouissement du bel canto (Carissimi, Stradella) - et sa parodie (la très burlesque Lettera del Signor Carlo Antonio Benati alla Signora Vittoria Tesi de Benedetto Marcello) -, le genre épistolaire est abordé à l’âge d’or de la cantate italienne par de nombreux compositeurs.

Moment dramatique, moment rhétorique, moment de vérité, la lettre chantée est un genre complexe, à la fois intime, poétique et théâtral: la voix qui chante est-elle celle de la destinataire qui lit à voix haute le billet qu’elle vient de décacheter ? Ou bien la voix intérieure de celui qui relit une dernière fois sa lettre avant de la sceller ? À qui s’adresse cette voix ?  À un destinataire, à la lettre elle-même, à soi, à un tiers pris à témoin – spectateur de ces embryons d’opéras en gestation dans le laboratoire de la cantate ?





L’ENSEMBLE La Gionnina réunit harpe et luth, cordes sensibles, pour une exploration curieuse et libre du répertoire baroque. Fondé en 2012 par Nanja Breedijk et Rémi Cassaigne, l’ensemble nourrit des affinités électives mais non exclusives avec la voix, l’Italie du XVIIème siècle, Rome. www.lagioannina.fr

Françoise MASSET a reçu sa formation musicale, vocale et universitaire aux CNR de Douai et de Paris, au Centre de Musique Baroque de Versailles et à la Sorbonne. Sur scène, en concert et au disque, elle interprète un répertoire diversifié, du baroque au contemporain. Ses rôles, les spectacles qu'elle a conçus et les ouvrages qu'elle a créés (dont la "Médée" de Michèle Reverdy à l'Opéra de Lyon), témoignent de sa curiosité et de son goût pour les rencontres musicales. Le récital (avec piano, orgue, harpe, guitare, théorbe et luth) et la musique de chambre sont des domaines qu'elle aime privilégier. L’Académie du disque lyrique lui a décerné en 2010 l'Orphée d'or de la meilleure interprète de mélodies pour l'album Les Compositeurs de Marceline Desbordes-Valmore enregistré avec le pianiste Nicolas Stavy. Cette saison, elle chante dans La Petite Renarde rusée de Janacek, dans une mise en scène de Louise Moaty, avec l'ensemble TM+ de Laurent Cuniot. Les années précédentes, elle était avec Les Paladins de Jérôme Corréas pour trois opéras baroques : Les Indes Galantes de JeanPhilippe Rameau (rôles d'Hébé, Émilie et Adario) et, de Claudio Monteverdi, L'Incoronazione di Poppea (rôles d'Ottavia et Fortuna) et Il Ritorno d'Ulisse (rôles d'Eumete et Fortuna). L'année 2016 verra la sortie de l'album Verdun, feuillets de guerre enregistré avec la pianiste Anne Le Bozec (label Hortus), la création de la pièce de Vincent Bouchot "A un papa" sur un poème de Pier Paolo Pasolini, avec le Trio Fanny Hensel. Et elle aura le plaisir de chanter en concert les mélodies d'Isabelle Aboulker avec la compositrice au piano. Le critique Ivan Alexandre la salue comme "l'une de nos rares, de nos dernières diseuses, qui sait où placer l'accent tonique et l'accent pathétique dans l'Isis de Lully comme dans une chanson de Kosma..."  www.francoisemasset.com

Nanja BREEDIJK s’active dans tous les champs de la harpe ancienne, de la harpe renaissance à la harpe à pédales. Après ses études de harpe à pédales au Conservatoire Royal de la Haye, elle vient en France en 1995 où elle continue les études de harpe moderne et ancienne. Sa sensibilité la conduit naturellement vers le répertoire baroque. Maintenant elle enseigne la basse continue au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et au Centre Supérieur de Musique (Musikene) du Pays-Basque à San Sebastián (Espagne), ainsi que les harpes anciennes au Conservatoire à Rayonnement  Régional de Toulouse et de Versailles. Elle joue dans plusieurs formations  de musique ancienne (Les Paladins, Le Poème Harmonique, Les Arts Florissants, Ensemble XVIII-21) et elle participe régulièrement dans des productions d’opéra et d’oratorio en Allemagne, en Suisse ou en France. En tant que soliste elle a joué le Concerto pour harpe de G.F. Haendel avec l’orchestre Concerto Köln. www.nanja.breedijk.net

Rémi CASSAIGNE étudie le luth avec Pascale Boquet au CNR de Tours, puis dans la classe d’Eugène Ferré au CNSMD de Lyon. Rémi Cassaigne joue aujourd’hui avec des ensembles comme Le Baroque Nomade, Consonance, Le Concert d’Astrée, La Grande Ecurie, Jacques Moderne, L’Oxymore, Les Paladins. Avec la harpiste Nanja Breedijk, il fonde en 2012 l’ensemble La Gioannina et, depuis 2013, anime avec le claveciniste Mathieu Dupouy et le violiste et scénographe Andreas Linos le collectif Wondrous Machine. Auteur de plusieurs romans et de nombreuses traductions, il a écrit le livret d’un opéra donné à Dijon en février 2014.

mardi 20 septembre 2016

Le 1 octobre encore: Jacques-François Piquet

C'est Alain Kewès encore qui nous présentera JFP:




 


JACQUES-FRANCOIS  PIQUET


 


Jacques-François Piquet est né à Nantes en 1953, il est essayiste, romancier, poète et dramaturge. Il anime des ateliers d’écriture.


 


Romans et récits


  • L'Œil-de-bœuf, 1983, roman. Éd. de la Différence et 2004 (nouvelle version) Éditions Joca Seria ;
  • Rue Stern, 1993, roman. Éd. de la Différence ;
  • Rupture de rêve, 1995, roman. Éd. Le Dé Bleu ;
  • Portraits soignés, 2009, nouvelles. Éditions Rhubarbe ;
  • Dans les pas de l’autre (Editions Rhubarbe 2011)
  • Suite nantaise (Editions Rhubarbe 2013)
  • Vers la mer ( Editions Rhubarbe 2015)


Théâtre


  • En pièces, 2000, trilogie théâtrale. Éditions Le Bruit des Autres ;
  • Qui d’autre ?, 2007, théâtre. Éditions Le bruit des autres ;
  • L’heure avant l’heure, 2008, théâtre. Éditions Le bruit des autres ;
  • Cité Funambule, 2010, théâtre. Éditions Le bruit des autres :


Poésie et proses 


  • Alibelle et le secret du marais d’Itteville, 1996, conte, illustrations Philippe Merlevède. Éditions Le Dé Bleu ;
  • Fenêtres, 1998, poèmes avec gravures de Michel Ménard. Éditions Métaphore A3 ;
  • Élégie à la mémoire de trois étrangères, 2005, proses. Éditions Isabelle Sauvage ;
  • Noms de Nantes, 2002, proses poétiques. Éditions Joca Seria ;
  • Que fait-on du monde ?, 2006, proses poétiques. Éditions Rhubarbe, réédition 2016, revue et augmentée ;


 


 


 



Le samedi 1 octobre à 16h 15: Claude Pujade-Renaud

Nous poursuivons les bibliographies de nos auteurs invités. Après Pascale Roze, Alain Kewès qui a édité en 2015 son Sans tambour ni trompette, présentera et interrogera la magnifique Claude Pujade Renaud, dont Valérie Delbore a lu des extraits du dernier livre le 16 septembre: Tout dort paisiblement sauf l'amour (Actes Sud 2016). Voici sa bibliographie:










 


CLAUDE PUJADE RENAUD


 


Claude PUJADE-RENAUD, née en Tunisie, est auteur de romans et recueils de nouvelles. Elle a reçu de nombreux prix.


Elle a aussi enseigné la danse et l’expression corporelle dans le cadre de la formation des professeurs d’éducation physique et est devenue enseignante au département des sciences de l’éducation à l’université de Paris VIII.
Elle a créé et géré avec Daniel Zimmerman une revue littéraire Nouvelles nouvelles.


 
Romans


  • 1978 : La ventriloque, Éditions des Femmes
  • 1988 : La Danse océane, Souffles; Actes Sud Babel 1996
  • 1992 : Martha ou le Mensonge du mouvement, Éditions Manya ; Actes Sud Babel 1996
  • 1994 : Belle mère, Actes Sud Babel; J'ai lu 1997 (Prix Goncourt des lycéens)
  • 1996 : La Nuit la neige, Actes Sud; Actes Sud Babel 1998; J'ai Lu 1998
  • 1997 : Le Sas de l'absence, Actes Sud; Actes Sud Babel 2000 (publié avec La Ventriloque) Prix de l’écrit intime.
  • 1999 : Platon était malade, Actes Sud
  • 2004 : Le Jardin forteresse, Actes Sud
  • 2006 : Chers Disparus, Actes Sud
  • 2007 : Le Désert de la grâce, Actes Sud
  • 2010 : Les Femmes du braconnier, Actes Sud
  • 2010 : Œuvres, tome 1, collection Thesaurus, Actes sud
  • 2013 : Dans l’ombre de la lumière, Actes Sud
  • 2016 : Tout dort paisiblement sauf l’amour, Actes Sud


Nouvelles


  • 1985 : Les Enfants des autres, Actes Sud
  • 1989 : Un si joli petit livre, Actes Sud; Actes Sud Babel 1999
  • 1991 : Vous êtes toute seule ?, Actes Sud, prix de la nouvelle du Rotary Club; Actes Sud Babel 1994; Librio 1997
  • 1993 : La Chatière, Actes Sud
  • 2001 : Au Lecteur précoce, Actes Sud
  • 2007 : Sous les mets les mots, Nil
  • 2014 : Rire en do mineur et autres nouvelles, Actes Sud
  • 2015 : Sans tambour ni trompette, Rhubarbe


Poésie




 


AvecDaniel Zimmermann




Roman collectif




Préfaces


  • 2007 : Jack London, Histoire des îles, éditions Phébus
  • 2013 : Nathalie Peyrebonne, Rêve général, éditions Phébus.

lundi 19 septembre 2016

Le samedi 1 octobre à 14h30: Pascale Roze

C'est la seconde fois que nous aurons le plaisir de recevoir Pascale Roze.

PASCALE ROZE

 
 Pascale Roze est écrivain, auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre. Née en 1954, à Saigon, elle a reçu les prix Goncourt en 1996, pour Le Chasseur Zéro.


Après une licence de lettres, elle a travaillé durant quinze ans au Théâtre international de langue française. Elle a animé de nombreux ateliers d’écriture pour des jeunes en difficultés et a été aussi chroniqueuse littéraire sur France Inter.

 

Romans, récits et nouvelles

  • Histoires dérangées (nouvelles), éditions Julliard, 1994, LGF-Le livre de poche, 1998.
  • Le Chasseur Zéro (roman), éditions Albin-Michel, 1996, LGF-Le livre de poche, 1998, prix du premier roman et Prix Goncourt.
  • Ferraille (roman), éditions Albin-Michel, 1999, LGF-Le livre de poche, 2001.
  • Lettre d'été (récit), éditions Albin-Michel, 2000, LGF-Le livre de poche, 2002, prix Maurice-Genevoix.
  • Parle-moi (roman), éditions Albin-Michel, 2003, LGF-Le livre de poche, 2005.
  • Un homme sans larmes (récit), éditions Stock, 2005, LGF-Le livre de poche 2007.
  • L'Eau rouge (roman), éditions Stock, 2006, éditions Gallimard-Folio, 2007.
  • Itsik (roman), éditions Stock, 2008, éditions Gallimard-Folio, 2009.
  • Aujourd'hui les cœurs se desserrent (roman), éditions Stock, 2011.
  • Passage de l'amour (nouvelles), éditions Stock, 2014.

Théâtre

  • Mary contre Mary.
  • Tolstoï la nuit, 1981, prix Arletty de l'universalité de la langue française.

Pascale Roze a un site: www.pascaleroze.fr






 

Le 30 septembre à 18h à la Maison Jules Roy: Marie Hélène Lafon. .

Pour vous "mettre en bouche" avant de la voir et de l'entendre, et pour déjà mieux connaître Marie-Hélène Lafon, voici sa bibliographie:




 


 


 Professeur agrégée de Lettres Classiques, Marie-Hélène Lafon enseigne à Paris.


Elle commence à écrire en 1996, son premier roman, Le Soir du chien, a reçu le prix Renaudot des lycéens en 2001.


Histoires obtient le prix Goncourt de la nouvelle en 2016.


En 2015, L’Annonce, téléfilm produit par Arte,  est adapté de son roman éponyme de 2009.


 


Ouvrages :


 


Le Soir du chien : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2001 ; Réédition, éditions du Seuil, coll « Points » 2005.


Liturgie : nouvelles, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2002.


Sur la photo : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2003


Mo : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2005.


Organes : nouvelles, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2006


Les Derniers Indiens : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2008.


La maison Santoire : roman, éditions Bleu autour, 2008.


L’Annonce : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2009.


Gordana, illustré par Nihâl Martli, nouvelle, éditions du Chemin de fer, Paris, 2012.


Les Pays : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2012.


Album : éditions Buchet/Chastel, Paris, 2012.


Traversée : éditions Créaphis, coll « Paysages écrits » Facim, Paris, 2013.
Joseph : roman, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2014.


Histoires : nouvelles, éditions Buchet/Chastel, Paris, 2014.


Chantiers : éditions des Busclats, Paris, 2015.



 




 Roger Wallet, qui s'entretiendra avec elle, a écrit sur son dernier livre Chantiers, un texte paru dans la revue Les années début 2016. Nous le publions:.




MARIE-HELENE LAFON


“A L’ETABLI”


 


De tous les livres que j’ai lus en 2015, celui-ci est le plus important car il révèle, de l’intérieur même de sa langue, le parcours d’écriture de Marie-Hélène Lafon, dont Les Années ont suffisamment dit qu’elle était de ces auteurs dont tous les livres comptent. à la fois par la fable et par l’argument, par le “récit” et par les “épaisseurs de temps” (Claude Simon) que chacun met à jour. Je ne saurais dire la même chose d’auteurs que j’affectionne, tels Modiano, Claudel ou Trassard : ils nous livrent les objets admirablement ouvragés mais ne révèlent rien de leur “travail d’atelier”. Ici, délibérément, MHL nous ouvre les portes de sa “fabrique d’écriture”. Comment résister au plaisir de citer tant paraissent maladroits les mots que l’on aligne pour en parler ? Mais telle est la tâche de ces chroniques et la citation qui suit me semble éclairer à la fois le projet de ce livre et l’ambition de l’écriture de MHL :


“Ma place est à l’établi, où ça fermente, où je fomente. Je fomente et ça fermente. C’est long, c’est patient, c’est têtu, ça me traverse, c’est opaque et bouleversant, opaque et éclatant à la fois [...] J’érige le texte et je le tisse, et le texte avec son jet, avec ses plis, remonte des steppes longues des silences entassés par les générations et les lignées qui m’ont précédée.”


Reprenons au début pour bien cadrer les choses. “Chantiers” est un recueil de neuf textes – le terme “nouvelles” serait inconvenant – qui évoquent les traces de l’écriture dans l’enfance et l’adolescence, la naissance incoercible (bien que “tardive”, 34 ans) du besoin d’écrire, quelques livres comme autant de jalons dans ce qui se dessine véritablement comme “une œuvre”, la rencontre décisive de textes et d’auteurs : Claude Simon, la trilogie Michon-Millet-Bergounioux et Flaubert “for ever” (titre du pénultième texte). Les “dessous” de la littérature, diraient les médias ; je dirai, pour me situer dans les mots de l’auteure, “ce qui fait ventre” dans son écriture.


 


La patience, le temps et la lumière


 


Ecrire, pour cette fille de petits paysans du Cantal, “c’est pas du rôti” (texte 1). Pour passer d’une ferme au bord de la Santoire à l’agrégation de grammaire, il faut s’être sentie “humiliée” (qui vient de humus, le sol, nous rappelle-t-elle) dans sa chair et spoliée de son ordinaire avenir. Quand elle ressent ça, avant de le comprendre, elle s’y met avec “l’énergie de la besogne”. A l’école primaire elle dévore la grammaire, qui “commence avec le déchiffrement du monde”, et l’orthographe, dont les outils “ne sont ni lourds ni froids, on les porte en soi, on ne va pas les chercher à tâtons, avec au creux du ventre la peur de ne pas les trouver” (“Papa lit, maman coud”, texte 2). Une évidence qui l’émerveille et dictera son travail de relecture avant de livrer le texte à l’édition : travail sur l’adjectif dans “L’annonce” (2009), sur la subordonnée (“Les pays” ?), ailleurs sur l’indéfini “on” ou sur le conditionnel. Et cette confession qui détonne furieusement dans l’époque : “J’ai passionnément aimé l’exercice de la dictée qui vous met au corps à corps avec la langue, vous immerge en elle, on est assailli, on est aux aguets, acculé à faire feu de tout bois pour déjouer les pièges”.


La dimension du temps dans l’écriture s’exprime aussi, évidemment, dans l’attachement de MHL au Cantal natal et à ce qui forgea les générations antérieures : le travail de la terre. On songe ici à “Joseph” (2014) qui, dans sa mise en avant d’un ouvrier agricole, rappelait à quel point – et l’expression est souvent employée dans ce livre comme dans toute son œuvre – les mots sont incarnés, les mots sont de la matière vivante, de la chair, elle écrit “de la viande”. Mais on trouve déjà la même intention dans les filiations au cœur de son tout premier texte, “Liturgie” (1996) : elle aurait attendu de comprendre cela pour se lancer dans l’écriture... “Il faudrait que les livres que je tends à écrire remontent du silence des générations comme on remonte le cours d’une rivière ; on remonterait le cours d’une rivière et on ne trouverait pas la source, jamais, on ne serait même pas bien certain de la chercher ; de chercher, la source, il n’y aurait pas de source ; il y aurait le geste et l’élan du corps, il y aurait la patience, le temps et la lumière [...] il y aurait la mort et la chaleur du sang.”


Le rôle du temps est aussi pour beaucoup dans le travail du lecteur, j’y reviendrai. Elle l’explicite dans “Avançons” (texte 7). Sans doute pour ses études, elle lit Claude Simon, “Route des Flandres”. Un échec total : “Je m’efforce, je tente, je m’applique, je m’applique plus que je ne lis, je m’engloutis, je m’ennuie, je me perds, je m’obstine, j’en termine comme on s’acquitte d’un pensum ; et voilà, il ne s’est rien passé ou à peu près rien”.


Seconde lecture du même, “L’Herbe” : “Très vite je ne cherche plus à tout comprendre, à nouer, renouer, dénouer les fils narratifs [...] je laisse faire, je me laisse faire [...] je suis emportée et traversée ; c’est d’abord une expérience organique, une affaire de sens, tous, les cinq et beaucoup d’autres ; c’est brutal, c’est bestial, et en même temps d’une douceur qui me bouleverse”.


Tertio, “La Chevelure de Bérénice” : “Une voie s’ouvre pour moi dans le texte de Claude Simon, un chemin se fraie qui donne accès, le verbe se fait chair [ ...] Le monde surgit, il s’incarne, convoqué, épais, fluide, immédiat, suave et impérieux”.


Puis “Le Tramway” et “L’Acacia” : “Je peux sentir pour la première fois, sentir au sens de humer, flairer, ce qu’il y a de terre dans les textes de Claude Simon [...] La trace textuelle de Claude Simon serait une autre voie lactée suspendue au ciel de nos bibliothèques, toute semence répandue à la surface de nos consciences”.


 


Ecriture et lecture, double jouissance


 


La lecture joue un rôle très important dans l’écriture, et je ne parle pas ici de la question rebattue des “influences littéraires” mais de l’acte physique de lire. MHL explique que, dès son premier texte, la relecture à voix haute s’est imposée à elle :
“... nécessaire pour ajuster la chose, phrase à phrase, mot à mot. Le corps dans l’écriture et le corps à corps dans l’écriture, c’est aussi cet exercice crucial et charnel [...] Je ne sais rien faire d’autre pour ajuster le tir verbal que dire et dire à voix haute, recommencer, relire et redire, et donc émettre le texte par le corps, avec lui, soumettre le texte au risque de l’air, de sa densité, le tendre, le pousser, l’ériger, le respirer, le humer, l’expectorer [...] l’extrailler...” (“Ceci est mon corps”, texte 3)


Elle utilise une autre image pour évoquer ce qui se joue entre écriture et lecture, entre écrivain et lecteur (“Avançons”, texte 7) : la page comme palissade ; le premier, l’auteur, fait le spectacle et donne à voir ce qu’il a dans son “établissement textuel” ; le second joue le rôle d’un “voyeur” un peu particulier : il est à la fois “absolument pris saisi enfoncé roulé dans le sable et le goudron textuels” “ET impérieusement campé dans le fortin de sa conscience éclaboussée, embusqué à l’abri de son regard, jouissant du dispositif et de la savante perspective fermement déployée”.


Et quand on est les deux, non pas à la fois mais successivement, l’écrivain n’en sort pas indemne : “Ma conscience de lectrice avance par poussées térébrantes et, ce faisant, je suis traversée et submergée [...] Je vais au texte et il vient à moi, je l’incorpore et il m’avale, je m’enfonce et il s’enfonce. Retournant à l’établi, retrouvant le chantier d’écriture, ainsi éprouvée, travaillée au corps, je me surprends à oser davantage certains décrochements narratifs qui disloquent la chronologie, la retournent, la secouent, la déplient, la déploient...”


Elle exprime merveilleusement sa boulimie des mots dans “Flaubert, for ever” (texte 8) :


“En manger.


En manger par cœur.


Manger du Flaubert par cœur.


De courtes rasades. Solides. Des jets. Une poignée de jets têtus, des ronces.


En asséner. En dévider. à ses amis. à ses amants. à ses élèves. Qui n’en peuvent mais.


S’en réciter à l’intérieur muettement pour soi quand on ne dort pas, quand on flotte dans le métro, quand on marche dans la rue. S’en réciter pour la paix et pour la joie.


Être nourrie de, être adossée à.”


Ne serait-ce pas, mot pour mot, ce que l’on souhaiterait écrire d’un amour fou ? Julien Gracq (“En lisant en écrivant”) me tend la perche : “Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n’est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe”.





 


LES ANNEES n°71 – Janvier 2016