samedi 21 février 2015

La femme de craie, d'Erik Poulet-Reney, chez Rhubarbe

On a toujours plaisir à vanter un livre publié par Rhubarbe et écrit par un auteur proche de Vézelay.
Surtout si le livre est aussi beau qu'il est bon.
Les éditions Rhubarbe se font toujours remarquer par l'élégance ou l'humour de leur couverture, le charme de leur format. Là, s'ajoute la beauté des calligraphies de Carolyn Carlson, la grande danseuse, attirée par la spiritualité et qui est aussi une véritable artiste graphique.

Erik Poulet-Reney aime la danse. Il l'avait montré dans son dernier roman Arabesque. Il en témoigne plus encore dans ce livre de poésies dédiées à la grande dame qu'est Carolyn Carlson.
Des poésies très bien mises en page et toutes limpides et belles.
Comme:

Elle
Envisage
En vie sage
Envie sage

D'apprendre aux ombres
l'alphabet des gestes

D'apprendre à la lumière
à tagger des prières
sur les murs de la honte

Elle en rit
Elle en rage

Entre le yin et le yang

Celle qui enseigne

jeudi 19 février 2015

La chronique de Christian Limousin : Michael Holland accompagne et éclaire la pensée de Blanchot

           

            Écrire sur Maurice Blanchot (1907-2003) est considéré comme difficile, voire risqué, et Bernard Noël a pu dire qu’ « on ne saurait parler de [lui] qu’en le recopiant ». Certains cependant affrontent son œuvre et sa pensée : Michael Holland est incontestablement de ceux-là.
           
            J’ai connu Mike en 1975, il y a tout juste quarante ans, alors que je préparais – avec toute l’inconscience de la jeunesse – les deux numéros que la revue Gramma entendait consacrer à Blanchot. Si ces numéros sont devenus « historiques », c’est en grande partie grâce à Mike qui y donna, avec Patrick Rousseau, la première lecture des textes politiques que Blanchot avait signés avant-guerre dans des publications appartenant à la galaxie de ce que Loubet del Bayle a appelé autrefois « le non-conformisme des années 30 » et Michel Surya, récemment, le « nationalisme fascisant français ».
            Depuis, Mike est devenu, de part et d’autre de la Manche, un spécialiste incontestable, incontournable de Blanchot. On lui doit entre autres la première bibliographie de ses écrits (1975 et 1981). Il est le traducteur de ses Chroniques littéraires du Journal des Débats et un des fondateurs et des animateurs des Cahiers Maurice Blanchot que publient, à Dijon, les Presses du réel.



            Le recueil d’articles qu’il vient de publier chez Hermann rassemble la plupart de ses textes écrits directement en français. Ces quatorze études sont regroupées en cinq parties : Fiction, Politique, Contre le nihilisme, Rencontres, Envoi. « Rencontres » reprend notamment les deux interventions que Mike avait faites à mon invitation à la maison Zervos de la Goulotte : l’une (« Bataille, Blanchot et « le dernier homme ») en 2002 dans le cadre d’une journée Bataille des Amis de Vézelay (dont Jean-Claude Bécane, alors président, avait eu l’idée), l’autre (« Parole(s) de pugiliste. Entre Char et Blanchot ») en 2007 à l’occasion du Centenaire de René Char célébré par l’Association-Fondation Zervos. C’est un vrai bonheur que de pouvoir lire ici les textes de ces interventions que je suis fier d’avoir suscitées. Je voudrais remercier Mike pour la haute tenue des propos développés devant nous.
           
            Écrire sur Blanchot constitue pour M. Holland un « défi » qu’il essaie de relever depuis quatre décennies. Dans la courte préface écrite à la troisième personne, il confie :
            « Longtemps il a semblé à l’auteur de ces essais qu’écrire un livre sur Maurice Blanchot fût au-delà de ses pouvoirs. […] Certes, il écrivait, il écrit toujours. Mais à chaque coup, ni intention ni mauvaise volonté n’y jouant, il subissait une espèce de contrainte : à la réflexion qui devait normalement ouvrir un horizon et donner champ libre à sa pensée, se substituait un laborieux piétinement ; à peine tracé, l’horizon se renversait pour devenir un seuil incertain, qu’il fallait passer et repasser sans jamais être sûr d’avoir commencé à écrire. Avec le temps, il a dû se rendre à l’évidence : en écrivant, il ne s’éloignerait jamais de ce seuil. »
            Les deux principaux écueils rencontrés consistent à « parler dans le vide » et à « s’enliser dans une lecture interminable ». Peu à peu, cependant, une tâche plus modeste s’est profilée qui consistait à faire le deuil d’un livre qui prétendrait tout expliquer de Blanchot, à se retirer « en-deçà de toute réflexion de synthèse dans un avant dire » fragmenté en études particulières destinées à « mettre à jour l’itinéraire d’une pensée tout à fait originelle, qui aura traversé le XXe siècle à la fois comme une fêlure et comme un fil conducteur. »

            Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? Trois exemples.

            En 1942, Blanchot publiait un étrange roman mystérieusement intitulé Aminadab. « Qui est l’Aminadab de Blanchot ? » s’interroge Mike Holland qui se lance aussitôt dans une enquête très serrée où l’on croise, entre autres, la Bible, saint Jean de la Croix, Grégoire de Nysse, saint Thomas d’Aquin.
            Dans une autre étude, il étudie la présence de Nadja d’André Breton dans L’Arrêt de mort, récit de Blanchot publié en 1948, et qualifie cette rencontre de deux chefs d’œuvre de « piégée ».
            Une troisième est centrée sur « Blanchot et la sortie du nihilisme », non pas en général, mais concrètement dans ses Chroniques littéraires du Journal des Débats dont Mike est un très fin connaisseur.

            Déjà dans Gramma, à propos des textes controversés d’avant-guerre, Mike Holland n’endossait pas l’habit de procureur pour juger Blanchot. Son but était d’essayer de le comprendre – ce qui ne veut pas dire le justifier. Il a continué dans cette voie empathique qui consiste à accompagner et à éclairer une pensée difficile dans ses différentes inflexions et ré-orientations.

                                                                                                                       Christian Limousin

Michael HOLLAND, Avant dire / Essais sur Maurice Blanchot, coll. « Le bel aujourd’hui » (dirigée par Danielle Cohen-Lévinas), éditions Hermann, Paris, 396 pages, 35€.


vendredi 13 février 2015

Roger Wallet, l'un de nos 4 auteurs invités aux GRVLE, publie deux nouveaux livres


Roger Wallet, ami proche de Jean-Pierre Cannet, sera l'un de nos quatre invités au Grand Rendez-vous d'octobre 2015.
C'est un homme chaleureux, truculent, drôle et poétique. 
Il est né en 1947 à Rouen. Il a surtout vécu en Picardie où il s’est partagé entre l’enseignement et l’action culturelle. Son premier roman, Portraits d’automne, est paru en 1999 aux éditions La Dilettante et depuis en poche; il a connu un beau succès critique et relate la première année d'enseignement d'un jeune instit. Il a été suivi de Ce silence entre nous chez Denoël. 
Roger Wallet  multiplie les écrits sous toutes leurs formes et anime des ateliers d’écriture. Une de ses passions est la chanson. Il en a écrit près de cent… Il est l’auteur de plus de quarante œuvres de poésie, chansons, romans, nouvelles, chroniques, album jeunesse, essais, témoignages, pièces de théâtre… Il participe activement à des revues en ligne comme Les années et met sur pied des « balades littéraires » en Loiret, Picardie et bientôt à Vézelay.

Deux derniers ouvrages, qui le résument bien, viennent de sortir :

« Les musées intimes de Louviers », cent un portraits d’habitants qui sont autant de nouvelles, d'écrits attentifs et tendres, rédigés lors d’une résidence d’écriture à l’initiative de la médiathèque Boris Vian de Louviers (octobre 2014)


«Quelques chansons et quelques autres » aux éditions du petit véhicule, (décembre 2014). On n'y voit guère la différence entre chansons et poèmes, elles sont autant poésies que musique. 

A noter le riche site de Roger Wallet: http://wallet.roger.free.fr/



vendredi 6 février 2015

Des aléas du succès d'un livre

Chacun a bien conscience que la notoriété d'un auteur n'a rien avoir avec ses qualités profondes. Un écrivain ami prétendait même, lors de nos derniers Grands Rendez-Vous, qu'au-delà de 35000 exemplaires vendus, il fallait se méfier...
Un best seller n'est sûrement pas un bon livre. Mais qu'est-ce qu'un "bon livre"?
Qu'est-ce qu'une belle écriture, un style, la vraie littérature?
Vaste et éternel débat.
Un petit film de 15 minutes, "L'ironie du sort" pose la question en opposant deux auteurs que tout sépare: Marie Darrieusecq, après "Truisme" et Xavier Bazot, après la sortie "Un fraisier pour dimanche".
A voir et déguster sur: http://www.babelio.com/auteur/Xavier-Bazot/23710