mardi 29 novembre 2016

La Maison Jules Roy, suite...

Beaucoup de réactions à notre mailing et sur Facebook. Réactions de soutien à la Maison Jules Roy, à la fois de personnalités, d'associations littéraires et d'amateurs de ces soirées chaleureuses et des lectures nombreuses qui y ont été faites.



 Et une réponse du directeur des Affaires Culturelles de l’Yonne, qui nous reproche de véhiculer des informations « erronées ».
En fait, il confirme bien que la Maison Jules Roy doit obéir à la contrainte de ne pas recevoir plus de 19 personnes, personnel inclus, soit 17 personnes…

Le non-respect de la règle peut entrainer la fermeture de l’établissement. En cas d’accident, la responsabilité pénale du président du Conseil départemental peut être engagée.

Il précise « Les décisions prises ne concernent que 2017, en attendant que des travaux soient réalisés. » Or aucune précision n’est apportée quant à la nature de ces travaux et leur calendrier. Aucune mesure de remplacement n’est prévue pour pallier l’insuffisance d’accueil et la poursuite des activités hors les murs de la MJR.

On ne peut croire que des travaux, à proximité de la basilique, ne prendront qu’une année. Ils ne paraissent pas encore définis, ils n’ont donc pas encore les autorisations nécessaires, et les procédures ne paraissent guère engagées.

En tout état de cause, une meilleure et claire information du public est souhaitable ! C’est le flou entretenu qui engendre des rumeurs.

Même au cas bien improbable où ces travaux ne dureraient qu’un an, des solutions de remplacement doivent être prises. Ne serait-ce qu’une grande tente dans les jardins.
Il ne s'agit pas seulement de mettre des locaux à la disposition des associations voulant se réunir mais de maintenir l'esprit de la MJR et sa vocation à y organiser des réunions littéraires, au-delà des associations usagères...
Les locaux qui pourraient être aménagés doivent être mis à la disposition des responsables de la Maison Jules Roy pour qu'ils y continuent leurs activités.

On attend plus d’éclaircissements.

mercredi 23 novembre 2016

Menaces sur la Maison Jules Roy




 

En 2017, en raison de l’absence d’une issue de secours en cas d’incendie, la Maison Jules Roy ne pourra plus recevoir de réunions comptant plus de 20 personnes.

Autant dire que toute activité littéraire sera proscrite, au nom d’impératifs de sécurité largement aberrants pour tout observateur. 

La Maison Jules Roy joue dans la vie culturelle de Vézelay et de son environnement un rôle capital et irremplaçable. En dehors même de sa fonction de maison d’écrivain visitable et de résidence d’écrivain, elle a été et reste le cadre d’événements littéraires marquants. Elle doit le rester. Que devient une résidence d’écrivain si ce dernier n’y a pas la possibilité de s’exprimer et de présenter au public son œuvre et son travail ?

Cette belle maison, admirablement située face à la basilique, où un écrivain a vécu et travaillé, aménagée comme elle l’a été, avec des pièces ni trop grandes ni trop petites, est le lieu idéal pour des soirées chaleureuses et fortes.

Si la MJR ne permet plus ce genre de réunion, c’est toute la vie culturelle littéraire locale qui s’effondre. Aucun autre lieu à Vézelay ne pourra la remplacer. Il n’en existe d’ailleurs pas d’autre !

Pour les mêmes raisons invoquées de sécurité, le musée Zervos, lui aussi aménagé à grands frais, n’est pas accessible à plus de 19 personnes, mais on peut mieux l’accepter en raison de l’exiguïté des pièces et de la valeur des toiles exposées. On peut le comprendre mais on doit le regretter ! Tous les  musées sont aujourd’hui le cadre d’animations qui assurent leur fréquentation. On prive une institution d’attraits, puis on stigmatise son peu de rentabilité !

La salle des fêtes de la mairie est peu hospitalière. Le centre Jean Christophe, hier le cadre de très belles manifestations, ne peut plus guère être utilisé aujourd’hui : il est onéreux et peu accessible aux personnes à mobilité réduite et à tous ceux qui craignent de se fouler la cheville!

La maison de La Goulotte où se déploie l’association-fondation Zervos est certes le cadre de magnifiques événements que nous gardons tous en mémoire. Mais elle reste spécialisée à l’entourage des Zervos, à la critique d’art  ou à l’art contemporain. Ses responsables n’accepteraient guère, et on les comprend, d’accueillir des entretiens de pure littérature ou les conférences d’association comme celle de Romain Rolland ou Jules Renard !

La Cité de la Voix est excessivement sollicitée, elle aussi centrée sur la musique. Malgré l’immense bienveillance de son directeur, elle ne peut à elle seule répondre à toutes les demandes, sans sortir de sa vocation primordiale.


Les élus ne peuvent souhaiter et encourager le dynamisme de Vézelay, qu’il s’agisse des touristes et visiteurs  ou des habitants, et diminuer l’offre culturelle, sachant surtout comme on se plait à le dire aujourd’hui, que cette offre a des retombées économiques notables.

La crainte est évidemment que l’on commence à rogner sur les activités de la Maison Jules Roy, à les rendre impossibles, ce qui justifierait à terme la fermeture d’un lieu cher à entretenir et sans utilité….

C’est contre cette situation que notre association RVLE, soutenue par l’association Romain Rolland et certainement d’autres, réagit aujourd’hui, en espérant une décision forte qui nous sorte du flou actuel


 Geneviève Pascaud

mardi 22 novembre 2016

Un écrivain parmi nous: Claire Tencin, "Le silence dans la peau"

 

 
Claire Tencin va rejoindre notre équipe de RVLE où son expérience de jeune écrivain nous sera très utile. Elle vit entre Paris et un village du Morvan très proche de Vézelay.



Elle a déjà publié trois livres :

-  le  premier en 2012, aux éditions du Relief, « Je suis un héros, j’ai jamais tué un bougnoul », présenté en version théâtrale l’an passé à la Maison Jules Roy. Il retrace une figure de père, vitupérant, éructant, bouleversé, massacré par les souvenirs de la guerre d’Algérie. 

- Ensuite, très différent, « Aimer et ne pas l’écrire », autour de Marie de Gournay, la fille spirituelle un peu oubliée, de Montaigne, dans une langue soutenue, classique, élégante.  Publié en 2014 chez tituli.

- et récemment « Le silence dans la peau », toujours chez tituli, dans un style serré, tendu, très travaillé. Après les éructations du père, les silences de la mère ou le trop plein de mots qui ne veulent rien dire….

Outre ces textes, Claire Tencin écrit aussi de la critique littéraire dans la revue trimestrielle « L’Atelier du roman » et a publié un livre d’entretien avec un essayiste-peintre, « L’étoffe et la peau », sur la peinture contemporaine.

 

Entre les trois livres, si différents dans la forme, un fil rouge : comment une femme devient sujet, par le langage, la maitrise des mots et l’écriture.


« Le silence dans la peau » mêle oralité et langue très écrite. Pas de dialogue pourtant, l’oralité y est inscrite dans l’écriture quelquefois triviale, à d’autres moments très conceptuelle et poétique. Variation des genres…

C’est un livre court comme les autres, 75 pages, mais dense, construit, où les révélations se font peu à peu, où la typographie est importante : des espaces blancs qui se remplissent,  des mots sont barrés, comme censurés, des chapitres ou séquences commencent sur la page de gauche, directement, sans espace vide, comme pour dire l’étouffement du huis-clos. La première phrase qui revient comme une incantation...

A la question du pourquoi des textes courts, l’auteur répond par son souci de pratiquer une écriture-diagnostique, au scalpel. 

Ses livres ne sont jamais des romans, mais se présentent comme récit, prose…, Elle ne se veut pas romancière, elle refuse l’écriture narrative linéaire et explique qu’elle écrit par feuilletage, elle « monte » son texte, avec des allers-venues, des propos de diverses natures.

A chaque livre, l’écrivain cherche un style et rêve d’écrire des choses très différentes sous pseudonyme.

Pour le lecteur, c’est un texte sur trois générations de femmes et  un texte sur le langage, sur l’écriture.

Donc une trilogie avec des figures presque génériques : la Mère, la Fille, qui est aussi la narratrice, et une absente, la mère de la mère.

Entre elles, le silence de l’absence et le silence du trop- plein de mots, une lésion sémantique entre mère et fille-narratrice… Entre ces trois femmes, un Récit va s’élaborer, à travers la narratrice ; ce Récit, figure un peu énigmatique, va remplir les blancs, lier les vies, leur donner sens.

Il va être le Récit d’une émancipation, d’un rejet et d’une naissance à soi de la narratrice. Son refus de la maternité, son refus du métier de femme, c’est pour accoucher de la parole, du langage, de l’écriture. Le Récit d’une vocation d’écrivain.
Claire Tencin sera invitée à une rencontre au café le samedi 3 juin 2017.
Geneviève Pascaud