Nous avons retrouvé lors d'une réunion de travail le solaire Jean-Pierre Cannet. Entre une résidence d'écrivain à Pau et divers projets (dont la préparation de la soirée littéraire du 8 juillet autour de Sam Braun, à la Maison Jules Roy) il nous confie un texte qui concerne une pièce intitulée "Rouge neige", qu'il a évoquée lors de notre réunion:
Note de l'auteur
Cette pièce s’adresse à tous. Le titre « Rouge
neige » peut aussi bien évoquer Blanche neige, le monde de l’enfance,
qu’un polar pour adultes … Il neige et c’est blanc, il saigne et c’est rouge.
Nous sommes dans un temps qui associe modernité et archaïsme,
croyances et superstitions. Nous ne sommes pas à la fin du monde mais bien à la
fin d’un monde, c’est donc que s’ouvre à nous un autre monde possible. C’est
pourquoi je voudrais des mots dansés, des mots peints comme chez Chagall. Une
poésie du sens pour que l’image prenne corps. Des mots comme on fait fondre un
peu de neige sur sa langue.
Les différents tableaux naïfs ou expressionnistes qui
composent cette pièce de théâtre sont comme un rêve éveillé. Nous sommes
ailleurs, mélange d’espoirs fous et de cauchemars. Les personnages sont
visités, leur subjectivité est plus forte que la raison. L’humeur est
féérique et le plus improbable peut alors prendre corps : les animaux
parlent, les mariés ont douze ans, les morts reviennent, la montagne peut accoucher
du meilleur comme du pire.
Comme perché au-dessus du vide, Zig, le narrateur, peut
à chaque instant tomber, déchoir, ou à l’inverse devenir aérien. Les anges ne
sont pas loin. Mes personnages se mettent en scène, ici tout est ritualisé. Ils
sont le fruit vivant de leurs chimères. C’est par ce chemin chaotique, fait de
rêves et de fantasmes, que m’apparaît le plus sûr pour aller de l’homme à son
cœur.
Jean-Pierre Cannet